En 2025, le marché du travail continue d’évoluer sous l’effet des transformations économiques, des crises successives et des avancées technologiques. Pour répondre aux défis liés à l’emploi et à la protection sociale, le gouvernement a mis en place une réforme majeure du système d’indemnisation du chômage. Cette réforme, qui vise à rendre le système plus incitatif à la reprise d’activité tout en réduisant son coût pour les finances publiques, impacte directement les travailleurs indépendants, les freelances et les consultants en portage salarial.

Si le portage salarial représente une alternative attrayante entre salariat et entrepreneuriat, permettant aux professionnels de bénéficier d’un cadre sécurisé tout en conservant leur autonomie, la question de leur éligibilité aux allocations chômage reste un enjeu clé. Avec la nouvelle réforme, quelles sont les implications concrètes pour les consultants en portage salarial ? Quels changements dans les conditions d’indemnisation ? Et comment ces professionnels peuvent-ils adapter leur stratégie pour sécuriser leur activité ?

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Un durcissement des conditions d’indemnisation

La réforme de l’assurance chômage en 2025 vise principalement à limiter l’accès aux allocations et à encourager un retour plus rapide à l’emploi. Ces mesures s’inscrivent dans un contexte de réduction des dépenses publiques et de volonté de rendre le système plus équitable entre salariés classiques et travailleurs indépendants. Pour les consultants en portage salarial, ces changements impliquent de nouvelles contraintes à plusieurs niveaux.

a) Une durée de cotisation allongée

L’un des principaux ajustements concerne la durée minimale de travail requise pour être éligible aux allocations chômage. Jusqu’en 2024, un consultant en portage salarial devait justifier de 6 mois d’activité sur les 24 derniers mois pour prétendre à l’Aide au Retour à l’Emploi (ARE). Désormais, ce seuil est porté à 8 mois sur 24 mois.

Cette augmentation peut sembler modeste, mais elle a un impact considérable sur les indépendants qui connaissent souvent des périodes d’inactivité entre deux missions. Contrairement aux salariés traditionnels qui ont un contrat stable, les consultants en portage salarial alternent entre des périodes de forte activité et des creux où ils prospectent. Avec cette réforme, ces périodes sans mission risquent de les pénaliser davantage, les privant potentiellement de toute indemnisation.

b) Un mode de calcul des allocations revu à la baisse

En plus de l’allongement de la durée de cotisation, la réforme introduit une révision du mode de calcul des allocations. Jusqu’ici, l’ARE était calculée sur la base des revenus des 12 derniers mois travaillés. Désormais, le calcul prend en compte une période plus large, incluant les mois où l’indépendant n’a pas généré de revenu.

Cette modification a un effet direct : le montant des allocations diminue pour ceux qui connaissent des périodes creuses. Concrètement, un consultant en portage salarial qui alterne des mois à fort chiffre d’affaires et des mois d’inactivité touchera une indemnité moins élevée qu’auparavant, puisque les périodes non rémunérées viendront baisser la moyenne de ses revenus de référence.

Par ailleurs, le plafond maximal des allocations a également été revu à la baisse, impactant particulièrement les consultants à haut niveau d’expertise qui facturaient des prestations à des tarifs élevés.

c) Une dégressivité plus rapide des allocations

Autre mesure phare de la réforme : l’accélération de la dégressivité des allocations chômage. Jusqu’à présent, les consultants en portage salarial percevant une indemnisation importante voyaient leur allocation diminuer de 30 % à partir du 7ᵉ mois d’indemnisation. Avec la réforme, cette réduction intervient désormais dès le 6ᵉ mois, avec une baisse progressive de 25 % au lieu de 30 %.

Cette modification vise à inciter les bénéficiaires à retrouver une activité plus rapidement. Toutefois, dans le cas des consultants en portage salarial, elle pose un réel problème : le cycle de recherche d’une mission peut prendre plusieurs mois, notamment pour ceux qui interviennent sur des projets longs ou nécessitant une expertise spécifique. Avec une indemnisation qui diminue plus vite, ces travailleurs risquent de subir une pression accrue pour accepter des missions à des tarifs inférieurs à leur seuil habituel, ce qui peut dévaloriser leur expertise et leur revenu à long terme.

d) Un contrôle renforcé des demandeurs d’emploi

Le renforcement du contrôle des chômeurs fait également partie des mesures phares de la réforme. Désormais, les consultants en portage salarial devront prouver plus rigoureusement qu’ils recherchent activement une mission.

Les nouvelles directives imposent :

  • Un suivi mensuel plus strict avec des justificatifs d’activité à fournir régulièrement (factures, contrats, échanges avec des clients potentiels).
  • Des sanctions plus sévères en cas de non-respect des obligations : une absence de preuve de recherche d’activité peut entraîner une suspension, voire une suppression des allocations chômage.
  • Un ciblage accru des travailleurs indépendants qui perçoivent l’ARE : avec cette réforme, Pôle emploi met davantage l’accent sur la surveillance des freelances et des consultants en portage salarial pour s’assurer qu’ils ne cumulent pas abusivement chômage et missions non déclarées.

Pour ces professionnels, cela signifie une charge administrative supplémentaire, avec des obligations de déclaration plus fréquentes et un risque accru de radiation en cas de manquement aux nouvelles exigences.

e) Une limitation du cumul entre chômage et revenus d’activité

Jusqu’à présent, les consultants en portage salarial pouvaient cumuler une partie de leurs allocations chômage avec des revenus issus de missions. Cette flexibilité permettait aux indépendants de sécuriser leur transition entre deux contrats sans être contraints d’accepter des missions sous-payées.

Avec la réforme, ce dispositif est restreint :

  • Le cumul devient plus limité en fonction du montant des revenus perçus.
  • Une durée maximale de cumul est instaurée : au-delà d’un certain nombre de mois, le bénéficiaire perd définitivement ses droits à l’ARE, même s’il ne retrouve pas une activité stable.

Cette mesure oblige les consultants en portage salarial à revoir leur stratégie financière et à anticiper davantage leurs périodes d’inactivité.

Avec ce durcissement des conditions d’indemnisation, la réforme de 2025 marque un véritable tournant pour les consultants en portage salarial. Moins protégés, ces professionnels devront repenser leur gestion de carrière, leur stratégie commerciale et leur modèle économique pour éviter de se retrouver en difficulté lors des périodes creuses.

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Un impact direct sur les consultants en portage salarial

La réforme modifie en profondeur la relation entre les consultants en portage salarial et le système d’indemnisation du chômage. Les conséquences les plus notables sont :

Une difficulté accrue pour sécuriser ses revenus

Avec l’augmentation du seuil d’éligibilité et la baisse des allocations, les consultants en portage salarial ne pourront plus compter aussi facilement sur l’ARE pour compenser les périodes creuses entre deux missions. Cette situation pousse les indépendants à anticiper davantage et à diversifier leurs sources de revenus pour éviter les périodes sans activité rémunérée.

Un frein à la transition entre salariat et portage

Beaucoup de salariés choisissaient le portage salarial pour tester leur activité tout en bénéficiant du filet de sécurité de l’assurance chômage. La réforme complique cette transition, car un consultant en portage devra désormais justifier d’une plus longue période d’activité avant de prétendre à des allocations. Cela peut décourager certains professionnels de se lancer.

Une incitation à accepter plus rapidement des missions moins rémunérées

Avec une dégressivité accélérée des allocations, les consultants en portage salarial se voient contraints d’accepter plus rapidement des missions, parfois à des tarifs inférieurs à leur seuil habituel. Cette situation pourrait accentuer la pression sur les prix des prestations et tirer les revenus vers le bas.

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Comment s’adapter à cette nouvelle donne ?

Face à ces bouleversements, les consultants en portage salarial doivent revoir leur stratégie pour sécuriser leur activité et limiter leur dépendance aux allocations chômage.

a) Renforcer la prospection et la fidélisation des clients

Dans un contexte où l’accès aux allocations devient plus difficile, il est essentiel pour les consultants de maintenir un flux constant de missions. Pour cela, plusieurs leviers peuvent être activés :

  • Développer un réseau professionnel solide en participant à des événements, des conférences et des forums spécialisés.
  • Optimiser sa présence en ligne en mettant à jour son profil LinkedIn, en publiant du contenu pertinent et en interagissant avec des prospects.
  • Travailler la fidélisation des clients existants en proposant des services complémentaires et en instaurant une relation de confiance à long terme.

b) Diversifier ses sources de revenus

Pour ne pas dépendre uniquement des missions ponctuelles, les consultants en portage salarial peuvent explorer différentes pistes :

  • Proposer des formations ou du coaching sur leur domaine d’expertise.
  • Créer du contenu monétisable (e-books, webinaires, formations en ligne).
  • Développer des prestations récurrentes (abonnements, accompagnement sur le long terme).

c) Mettre en place une épargne de précaution

L’absence de filet de sécurité comme l’ARE impose aux consultants de mieux gérer leur trésorerie. Il est recommandé de :

  • Constituer une épargne équivalente à 3 à 6 mois de revenus pour faire face aux périodes creuses.
  • Anticiper les charges sociales et fiscales pour éviter les mauvaises surprises.
  • Mettre en place un budget rigoureux en fonction des fluctuations de revenus.

d) Optimiser son statut juridique

Le portage salarial reste une solution intéressante pour bénéficier d’une protection sociale, mais il peut être judicieux d’évaluer d’autres options en fonction de son activité :

  • Comparer le portage salarial avec la création d’une micro-entreprise ou d’une société (SASU, EURL) pour choisir la structure la plus avantageuse.
  • Se renseigner sur les nouvelles aides et dispositifs mis en place pour les indépendants suite à la réforme.

e) Se former pour rester compétitif

Dans un marché de plus en plus concurrentiel, les consultants doivent investir dans la formation continue pour se démarquer :

  • Acquérir de nouvelles compétences recherchées (intelligence artificielle, data analysis, marketing digital).
  • Se former sur les tendances du marché pour proposer des offres en adéquation avec les besoins des entreprises.
  • Suivre des certifications professionnelles pour renforcer sa crédibilité et justifier son expertise.

La réforme du système d’indemnisation du chômage en 2025 constitue un véritable tournant pour les consultants en portage salarial. En durcissant les conditions d’accès aux allocations et en accélérant leur dégressivité, elle impose aux indépendants de repenser leur modèle économique et leur stratégie professionnelle.

Si ces changements peuvent apparaître contraignants, ils représentent aussi une opportunité pour les consultants de gagner en autonomie et en stabilité financière. En renforçant leur prospection, en diversifiant leurs sources de revenus et en optimisant leur gestion financière, ils peuvent non seulement s’adapter à cette réforme, mais aussi tirer parti d’un marché du travail en pleine évolution.

Loin d’être une menace, cette réforme incite donc les consultants à adopter une approche plus proactive et stratégique pour sécuriser leur activité à long terme.