Dans un contexte de réforme des retraites, d’allongement de la durée de vie active et de transformation du monde du travail, la question du maintien en activité des seniors s’impose aujourd’hui comme un enjeu social et économique majeur. En 2025, la pression se fait double : les entreprises doivent relever le défi du vieillissement de leur main-d’œuvre, tout en capitalisant sur l’expérience et les compétences de leurs collaborateurs les plus aguerris ; de leur côté, de nombreux professionnels de plus de 55 ans expriment le souhait de continuer à exercer une activité, que ce soit pour des raisons financières, pour rester socialement engagés ou par véritable appétence pour leur métier.
Face à ce contexte, le portage salarial s’affirme comme une solution particulièrement pertinente. Ce statut hybride, à mi-chemin entre salariat et indépendance, séduit une population de plus en plus large de seniors. Il leur permet de prolonger leur parcours professionnel sans les contraintes d’un emploi classique, tout en bénéficiant d’un cadre juridique et social protecteur.
Dans un monde où la valeur de l’expérience reprend ses droits et où la flexibilité devient la norme, le portage salarial offre un équilibre rare : celui d’un travail choisi, sécurisé et valorisant. Cet article propose un décryptage complet des enjeux, des opportunités et des limites de ce dispositif, pour comprendre en quoi il représente un levier concret de transition professionnelle pour les seniors à l’heure des grands bouleversements du marché de l’emploi.
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Les défis du maintien en emploi des seniors
Avec l’élévation progressive de l’âge de départ à la retraite (64 ans depuis la réforme de 2023), le débat sur l’emploi des seniors reste vif. Ces dernières années, malgré une espérance de vie plus longue et une meilleure santé des travailleurs âgés, les taux d’emploi des 55-64 ans en France restent inférieurs à la moyenne européenne, selon l’OCDE.
En entreprise, de nombreux salariés sont poussés vers la sortie dès 58 ou 60 ans. Difficulté à retrouver un emploi, préjugés liés à l’âge, rigidité des horaires… autant d’obstacles qui freinent le retour ou le maintien dans l’emploi.
Mais paradoxalement, une part croissante de seniors exprime le désir de rester actifs après 60 ans. Non seulement pour assurer un complément de revenu, mais aussi pour garder un lien social, transmettre leur savoir-faire ou donner un sens à cette nouvelle étape de vie.
C’est ici que le portage salarial peut jouer un rôle essentiel.
Le portage salarial, une alternative de plus en plus plébiscitée
Le portage salarial permet à un senior de proposer ses services à des clients, comme un freelance, tout en bénéficiant d’un contrat de travail avec une entreprise de portage. Il facture des prestations (conseil, formation, audit, accompagnement…) à travers cette société, qui lui reverse un salaire mensuel après déduction des frais de gestion et des charges sociales.
Ce modèle offre trois grands avantages pour les professionnels expérimentés :
- L’autonomie : ils choisissent leurs missions, leurs clients, leurs horaires.
- La sécurité : ils bénéficient du statut de salarié (assurance maladie, retraite, mutuelle, prévoyance…).
- La simplicité : ils n’ont pas à gérer de structure juridique (pas besoin de créer une société).
En 2025, avec la digitalisation croissante des services, le développement du travail indépendant et les besoins accrus en expertise dans de nombreux secteurs (ingénierie, RH, informatique, formation, finance…), le portage salarial s’impose comme une solution pertinente pour prolonger une carrière dans de bonnes conditions.
Les profils seniors les plus concernés
Le portage salarial n’est pas réservé à une catégorie spécifique de métier. Toutefois, certains profils s’y prêtent particulièrement bien, notamment :
- Les anciens cadres ou dirigeants, souhaitant transmettre leur expérience via des missions de conseil.
- Les formateurs et coachs professionnels, en reconversion ou post-retraite.
- Les ingénieurs ou techniciens spécialisés, rares sur le marché et toujours très demandés.
- Les experts métiers ou consultants indépendants cherchant un cadre administratif simplifié.
Nombre d’entre eux utilisent le portage salarial comme un tremplin entre la vie active salariée classique et la retraite, voire comme un mode d’activité principale après 62 ou 64 ans, à temps plein ou temps partiel.
Un cadre souple pour adapter son rythme de travail
L’un des grands atouts du portage salarial réside dans sa modularité. Il permet de travailler à la carte : certaines missions durent quelques semaines, d’autres s’étalent sur plusieurs mois, voire plusieurs années.
Un senior peut ainsi choisir :
- de travailler uniquement quelques jours par mois,
- d’enchaîner les missions selon ses envies,
- ou au contraire de se consacrer à un seul client pour une mission plus longue.
Cette souplesse est particulièrement précieuse pour les professionnels en transition vers la retraite, qui souhaitent réduire progressivement leur charge de travail, tout en continuant à valoriser leur savoir-faire.
Cumul emploi-retraite : les règles en 2025
Depuis la réforme des retraites, le cumul emploi-retraite a été légèrement assoupli, sous certaines conditions. En portage salarial, un senior peut parfaitement cumuler retraite de base et complémentaire avec un revenu d’activité issu de ses missions.
Deux cas de figure sont à distinguer :
- Cumul intégral : si le senior a liquidé toutes ses pensions à taux plein et remplit les conditions d’âge, il peut reprendre une activité sans plafond de revenu.
- Cumul partiel ou plafonné : si ce n’est pas le cas, un plafond s’applique, au-delà duquel le versement des pensions est suspendu temporairement.
L’intérêt du portage salarial est qu’il permet d’encadrer légalement ces revenus et de respecter les conditions de cumul, tout en continuant à cotiser à l’assurance vieillesse, ce qui ouvre même droit à une seconde pension si l’on reprend une activité après la liquidation des droits (depuis 2023).
Un environnement favorable pour les seniors en 2025
Le contexte réglementaire et économique en 2025 tend à encourager le retour à l’activité des seniors, ou du moins à mieux les accompagner :
- Le gouvernement prévoit des incitations fiscales et un bonus de cotisation pour les entreprises favorisant l’emploi senior.
- Le portage salarial a été reconnu par l’URSSAF et l’État comme une solution sécurisante pour les seniors en reconversion.
- Certaines sociétés de portage développent même des offres spécifiques pour les plus de 55 ans, incluant des dispositifs de formation, de gestion du temps ou d’aide au cumul retraite.
De plus, les clients sont souvent ravis de collaborer avec des experts expérimentés, qui apportent une hauteur de vue, une capacité d’analyse et une rigueur qui complètent efficacement les compétences plus techniques ou digitales de profils plus jeunes.
Les limites à anticiper
Malgré ses nombreux avantages, le portage salarial ne convient pas à tous. Il convient d’être attentif à certains points :
- Il n’offre pas de missions automatiquement : le senior doit prospecter ou capitaliser sur son réseau pour trouver des clients.
- Les charges sociales sont plus élevées que pour un micro-entrepreneur (en contrepartie d’une meilleure couverture).
- Le revenu net est conditionné au chiffre d’affaires généré : il n’y a pas de salaire fixe sans mission.
C’est pourquoi il est important de se faire accompagner au départ, de bien structurer son offre, et éventuellement de suivre une formation commerciale ou en personal branding.
Témoignages de seniors en portage salarial
👉 Jean-Michel, 63 ans, ancien DRH dans une multinationale :
« J’avais encore envie de transmettre, mais je ne voulais plus être salarié à temps plein. Le portage m’a permis de continuer à faire ce que j’aime, avec mes conditions. J’interviens aujourd’hui comme coach RH dans plusieurs PME, deux jours par semaine. »
👉 Fatima, 60 ans, ingénieure informatique en freelance depuis 20 ans :
« J’ai basculé en portage il y a deux ans pour sécuriser ma retraite. Je continue à travailler à distance pour un client à Londres, tout en bénéficiant d’une vraie couverture sociale. Je ne retournerai jamais à la micro-entreprise ! »
Conclusion
En 2025, le portage salarial s’impose comme un outil précieux pour les seniors qui souhaitent prolonger leur activité professionnelle en toute sérénité. À la croisée entre autonomie et protection sociale, il répond aux aspirations de nombreux professionnels expérimentés qui ne veulent ni raccrocher tout de suite, ni retourner dans un cadre salarié contraignant.
Au-delà d’un simple statut, le portage permet aux seniors de rester acteurs de leur vie professionnelle, de transmettre leur expertise, d’enrichir leurs revenus, mais aussi de s’épanouir dans un cadre souple et adapté à leurs besoins. Dans un monde du travail en pleine mutation, il constitue un véritable levier d’inclusion, de valorisation et de transition réussie vers la retraite.
Si l’on veut bâtir une société plus inclusive, plus solidaire et plus intelligente face au vieillissement, il est essentiel de repenser la place des seniors dans l’économie. Le portage salarial, en leur ouvrant une voie nouvelle, incarne une réponse concrète et moderne à cet enjeu.